La nouvelle réglementation thermique (RE2020) et son évolution (RT2024) marquent une rupture sans précédent dans la construction neuve. Mais que dit vraiment le texte ? À quoi s’attendre ? Comment s’y conformer ? On vous explique tout.
Comprendre la nouvelle réglementation thermique en France
Il serait absurde de croire que la transition énergétique puisse se gagner sans une refonte continue des normes thermiques. En matière de réglementation, la France se distingue par une évolution méthodique, pilotée par deux institutions incontournables : le Ministère de la Transition Écologique et le Ministère de l'Aménagement du Territoire. Ces entités orchestrent, non sans frictions ni remises en question sectorielles, l’élaboration des cadres RE2020 et RT2024, véritable colonne vertébrale de la performance environnementale nationale.
Définition et dates clés de la RE2020 et de la RT2024 en France
La RE2020, ou Réglementation Environnementale 2020, marque un net basculement vers le bas carbone et le confort d’usage. Elle s'est substituée progressivement à la RT2012 dès le 1er janvier 2022 pour les logements neufs, puis s’est étendue aux bâtiments tertiaires et scolaires dans les mois suivants. La genèse de cette réglementation est issue d’un dialogue souvent conflictuel avec l’ensemble de la filière construction entre 2018 et 2021, aboutissant à un texte fondateur dont l’application est pilotée, corrigée et ajustée par décret (notamment le décret du 30 décembre 2024 suite au retour d'expérience terrain).
Plus récemment, la RT2024 entre en vigueur à partir du 1er janvier 2024 pour les bâtiments à usage commercial et industriel, ainsi que les parkings couverts publics supérieurs à 500 m². Cette extension réglementaire cible explicitement les gisements énergétiques des secteurs non résidentiels (source : Ministère de la Transition écologique).
Dates & textes fondateurs :
- Loi Grenelle II (2010)
- Décret RE2020 : entrée en vigueur progressive dès janvier 2022
- Décret RT2024 n°2024-1258 du 30/12/2024 (modifications spécifiques)
- Application obligatoire secteur tertiaire/commercial : janvier 2024
Les évolutions réglementaires sont avant tout des opportunités pour forcer l’innovation dans un secteur trop souvent conservateur.

Champ d’application : bâtiments neufs, usages visés
L’erreur fréquente consiste à penser que ces textes ne concernent que le logement classique. Or, le champ d'application est bien plus vaste – il englobe toutes les catégories majeures du bâti neuf.
Type de bâtiment | Réglementation applicable | Usages visés | Spécificités principales |
---|---|---|---|
Maison individuelle | RE2020 | Confort thermique, sobriété | Priorité carbone & été |
Logement collectif | RE2020 | Réduction émissions CO₂ | ACV systématique |
Bureaux | RE2020 puis RT2024 | Consommation énergétique | Flexibilité équipements |
Enseignement primaire/secondaire | RE2020 | Confort élèves/enseignants | Indicateur TIC renforcé |
Commerce/Industrie | RT2024 | Optimisation exploitation | Ciblage puissance installée |
Entrepôts/Parkings | RT2024 | Maîtrise apports internes | Emprise au sol >500 m² obligatoire |
Cette granularité des cibles impose une adaptation fine des stratégies constructives… qui laisse parfois perplexe tant les exigences varient selon l’usage ou même le climat local! Les ambitions affichées semblent inatteignables aux plus réfractaires mais elles ouvrent pourtant d’immenses marges d’innovation technique.
Objectifs et enjeux de la réglementation thermique
Il est scientifiquement contestable de croire que l’on puisse prétendre construire demain sans intégrer des objectifs chiffrés, précis et contrôlables pour chaque dimension énergétique et environnementale.
Réduction des émissions de carbone et performance énergétique
La RE2020 impose une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre du parc immobilier neuf : objectif affiché, –35% d'ici 2030. Cette exigence s’inscrit dans le cadre plus large de la Stratégie Nationale Bas Carbone et vise la neutralité carbone à l’horizon 2050. Il ne s’agit pas d’un simple slogan politique, mais d’une contrainte réglementaire intégrant l’analyse du cycle de vie (ACV) sur l’ensemble des composants du bâtiment (matériaux, procédé constructif, équipements techniques).
« La RE2020 vise la réduction des émissions sur tout le cycle de vie, valorisant systématiquement les matériaux biosourcés et sanctionnant lourdement les procédés fortement carbonés. »
En parallèle, la norme impose un abaissement significatif des consommations énergétiques finales (jusqu’à 15% mieux que la RT2012 pour le résidentiel neuf). Ces seuils ne sont pas négociables : leur pilotage repose sur l'audit obligatoire !
Confort thermique estival et qualité de vie
Trop longtemps ignoré par les précédentes réglementations, le confort thermique en été devient central. L’indicateur DH (Degrés-Heures) remplace le classique Tic et mesure l’exposition réelle à l’inconfort lors des périodes chaudes. La RE2020 fixe un seuil bas à 350 DH par an (équivalent à une semaine d’inconfort) et un seuil haut à 1250 DH au-delà duquel le projet n’est plus réglementairement conforme (source). Ce changement pénalise enfin les logements surchauffés, trop vitrés ou mal orientés – une avancée majeure pour la qualité de vie.
Fait peu diffusé : lors d'une simulation indépendante menée par un promoteur lyonnais en 2023, plus de 12% des logements plans RT2012 échouaient déjà ce critère avec les nouveaux standards !
Cycle de vie des matériaux et empreinte environnementale
Le secteur du bâtiment paye encore aujourd’hui sa sous-estimation chronique du poids écologique des matériaux employés. L’intégration systématique de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) est désormais incontournable dès la conception : elle couvre extraction, transformation, transport, mise en œuvre, usage… jusqu’à déconstruction.
La RT2024 généralise cette exigence à tous les bâtiments neufs tertiaires/commerciaux. Impossible donc d’ignorer l’empreinte cumulée : chaque matériau doit pouvoir justifier son impact global documenté. Les biosourcés (bois certifié, chanvre…) se voient favorisés au détriment des solutions traditionnelles béton-acier dès lors qu’ils réduisent significativement l’empreinte carbone totale (source).
Critères et exigences techniques MECE
L’illusion d’une conformité réglementaire minimale ne tient plus : la RE2020 érige un système d’exigences cumulatives et transversales, balayant définitivement le bricolage thermique. Les critères – tous mesurables, normés et vérifiables – conditionnent l’accès au marché. Voici les points centraux à ne surtout pas négliger.
Limites maximales de consommation énergétique (Bbio, Cep)
Deux indicateurs structurent la conception thermique sous RE2020 :
- Bbio (Besoin Bioclimatique) : il exprime la performance de l’enveloppe sans influence des systèmes ; il combine chauffage, refroidissement, éclairage naturel.
- Cep (Consommation d’Énergie Primaire) : il intègre l’efficacité des équipements (chauffage, ECS, ventilation…), exprimée en kWhEP/m².an.
L’exigence majeure est la réduction du Bbio de ~30% par rapport à la RT2012 pour le logement individuel. Le non-respect de ces seuils implique un refus pur et simple du permis de construire.
La détermination des valeurs maximales dépend du type de bâtiment, du climat local et de l’altitude (>400m : modulations). La surchauffe estivale étant incluse dans le Bbio depuis 2020!
Type | Bbio max (points) | Cep max (kWhEP/m².an) |
---|---|---|
Maison individuelle | 60 | 75 |
Logement collectif | 65 | 65 |
Bureaux / Tertiaire | 55-70* | 80* |
Enseignement | 65-80* | 85* |
Valeurs variables selon zone climatique et altimétrie, sources Cegibat, e-re2020.fr.

Exigences sur les émissions de gaz à effet de serre (Carbone)
Le vrai saut qualitatif en RE2020 est là : toute opération doit justifier une empreinte carbone annuelle mesurée via deux indices :
- Ic énergie : émissions annuelles liées aux consommations énergétiques durant l’exploitation ;
- Ic construction : impact sur tout le cycle de vie du bâtiment (matériaux, construction/démolition incluses).
Pour le collectif neuf dès 2025:
- Ic énergie ≤ 6 kgCO₂/m².an (était encore à 14 kgCO₂/m².an en 2022 !).
- Ic construction ≤ 530 kgCO₂/m² sur cycle complet (source).
Ces valeurs sont durcies tous les trois ans dans une logique d’étau réglementaire. La RT2012 n’imposait aucune contrainte carbone explicite — l’époque était d’un autre siècle…
Confort d’été : indicateur Tic
Le Tic (« Température intérieure conventionnelle ») demeure comme balise comparative mais cède sa prééminence au nouvel indice DH dans la réglementation courante. Pourtant, son calcul reste fondamental pour garantir que le bâti n’affiche pas des pointes thermiques inacceptables lors des canicules. Il s’agit d’un calcul dynamique intégrant orientation, inertie, protections solaires et apports internes.
Surprise trop peu diffusée : même avec un Cep conforme, certains bâtiments modernes échouent au test Tic dans le sud méditerranéen si la conception bioclimatique est négligée!
Choix de matériaux écologiques et bilan carbone embarqué
Impossible désormais d’ignorer la composante matériaux : l’ACV sature chaque projet sérieux. Les matériaux biosourcés certifiés sont clairement favorisés tant leur coefficient carbone est faible voire négatif. Les labels comme FSC, PEFC, ou ceux issus du référentiel bio-based E+C-, sont recommandés.
Principaux matériaux biosourcés recommandés et coefficients carbone estimés :
- Chanvre brut : ≈ -34 kgCO₂e/m³,
- Ouate cellulose : ≈ -22 kgCO₂e/m³,
- Fibre de bois dense : ≈ -15 kgCO₂e/m³,
- Laine de mouton : ≈ -5 kgCO₂e/m³,
- Béton bas carbone avec ajouts SCM : ≈ +18 à +50 kgCO₂e/m³,
- Acier recyclé : >+100 kgCO₂e/m³… sanctionné sévèrement sauf usage structurel strictement indispensable (source).
Il est effarant que certains maîtres d’ouvrage persistent à ignorer les fiches FDES produits alors que leur omission peut entraîner une non-conformité réglementaire irrécupérable.
Impacts pour les professionnels et les particuliers
On sous-estime trop souvent la révolution silencieuse qui s’opère dans l’architecture réglementaire française. La RE2020, suivie de la RT2024, décuple le niveau d’exigence technique et administratif au point de bouleverser toute la chaîne de valeur du bâtiment.
Obligations des constructeurs et promoteurs
Architectes, bureaux d’études thermiques, et promoteurs sont soumis à un carcan d’exigences rarement atteint en Europe :
- Calculs ACV obligatoires dès l’avant-projet (Analyse du Cycle de Vie sur tous les matériaux et systèmes)
- Dossier énergétique intégré au permis de construire, vérifiable par contrôle externe
- Justification systématique du respect des seuils Bbio, Cep, DH, Ic énergie et construction (tous audités ; tout manquement = refus PC ou amende)
- Choix documenté des matériaux via FDES/PEP Eco-passport
- Obligation d’informer le client final sur le coût global & impact environnemental du projet
- Suivi post-livraison : bilan énergétique réel à transmettre aux autorités sous peine de pénalité (source)
Une anecdote révélatrice : lors d’un audit 2023 en Haute-Garonne, 14% des dossiers déposés ont dû être repris pour absence de preuve ACV complète – un défaut sanctionné sans appel !
Conséquences sur le coût de construction et l’exploitation
Le discours promouvant la "sobriété sans surcoût" tient difficilement face à la réalité. L’intégration RE2020 provoque un surcoût initial estimé entre 4% et 8% selon typologie (notamment sur l’isolation biosourcée et équipements performants). Mais cette hausse est absolument indissociable des économies générées en exploitation : jusqu’à 25% de réduction sur les factures énergétiques annuelles sont observées dès la première année d’usage (source). À long terme (analyse sur 50 ans), le coût total se révèle inférieur grâce à la baisse drastique de la consommation énergétique et à une valeur verte accrue.
Il faut souligner que ces économies se doublent d'une diminution massive du coût sociétal lié aux émissions carbone évitées – paramètre absent dans les calculs classiques mais désormais incontournable dans toute analyse patrimoniale sérieuse.
Aides financières et accompagnement administratif
Mais ce n’est pas tout : cumuls possibles avec éco-prêt à taux zéro, subventions locales (Anah), aides fournisseurs énergie, crédits d’impôt spécifiques RT2024/RE2020. Le parcours reste complexe : le Ministère propose un accompagnement administratif dédié (France Rénov’, conseillers FAIRE) afin d’éviter tout décrochage réglementaire ou financier (guide officiel).
Pour les professionnels : valorisation accrue des opérations exemplaires (notamment certifications HQE/BREEAM), simplification administrative progressive.
Comparaison RT2012 vs RE2020 vs RT2024
Il serait intellectuellement paresseux de croire que la succession des réglementations thermiques n’est qu’une affaire de "couches" administratives : chaque norme modifie radicalement les curseurs énergétiques et environnementaux, forçant la filière à un saut qualitatif rarement observé ailleurs en Europe. L’analyse comparée des seuils Bbio (Besoin Bioclimatique), Cep (Consommation d’Énergie Primaire) et Carbone éclaire une tendance nette : l’exigence s’intensifie à chaque génération.
Évolution des exigences énergétiques et carbone
Critère principal | RT2012 | RE2020 | RT2024 (tertiaire/industriel) |
---|---|---|---|
Bbio max (maison indiv.) | 100 points | 60 points | 55-70 points* |
Cep max (logement neuf) | 50 kWhEP/m².an | 75 kWhEP/m².an** | Variable selon usage |
Exigence carbone | Non exigé | ≤ 640 kgCO₂/m² (dès 2022) | ≤ 530 kgCO₂/m² (dès 2025-2028) |
Confort été (Tic/DH) | Tic uniquement | DH obligatoire (<350/1250) | DH/Tic selon usage |
ACV matériaux | Non | Oui, obligatoire | Oui, généralisée |
*Fourchette selon typologie, climat, altitude. **Calcul différent, intègre usage ENR, refroidissement et équipements.

Gains attendus en performance et confort
Le passage à la RE2020 puis à la RT2024 ne relève pas d’un simple relèvement de seuils : c’est un changement structurel. On observe :
- Réduction effective des consommations énergétiques : jusqu’à –20% en résidentiel collectif par rapport à la RT2012, notamment grâce au renforcement de la performance de l’enveloppe et à l’intégration plus stricte des énergies renouvelables (source).
- Abaissement drastique de l’empreinte carbone : prise en compte sur tout le cycle de vie du bâtiment, pénalisation des matériaux carbonés non optimisés.
- Amélioration du confort thermique estival : introduction du DH comme critère éliminatoire ; obligation de conception bioclimatique réelle au lieu du minimum réglementaire fictif.
Il est frappant que certains promoteurs aient découvert – trop tard – que leurs modèles "RT2012" échouaient systématiquement les tests DH sous RE2020. Plus question donc d’ignorer la surchauffe d’été ou le choix des isolants!
Nouveautés réglementaires et calendrier
La RT2024, loin d’un effet d’annonce, marque une rupture concrète pour le tertiaire/commercial :
- Obligation d’ACV matériaux généralisée.
- Seuils carbone resserrés (+ sanctions effectives).
- Ciblage explicite des usages industriels, parkings couverts (>500m²), commerces.
- Extension progressive à tous les bâtiments neufs non résidentiels entre janvier 2024 et fin 2026.
- Déclarations annuelles obligatoires pour le suivi post-livraison dès fin 2025.
L’agenda réglementaire devient imprévisible : seuls les acteurs capables d’anticiper ces ruptures normatives tireront un avantage compétitif tangible.
Comment se conformer à la nouvelle réglementation thermique
La conformité à la RE2020 et RT2024 n’est ni intuitive ni permise par un simple copier-coller d’anciennes méthodes. Elle exige une chaîne de travail rigoureuse, outillée et contrôlée : chaque étape doit apporter des preuves tangibles de performance thermique et environnementale.
Processus de conception et simulation énergétique
Dès la phase esquisse, la modélisation thermique devient une obligation technique. Les logiciels certifiés comme ClimaWin ou ArchiWIZARD permettent de modéliser le comportement énergétique du bâtiment en intégrant l’ensemble des parois, ponts thermiques, systèmes (chauffage, ventilation), apports solaires… Ces outils ont été validés par le ministère pour garantir la fiabilité des simulations (liste officielle).
Les étapes clés :
- Collecte exhaustive des données d’entrée (plans BIM, matériaux, surfaces vitrées)
- Simulation énergétique dynamique : analyse heure par heure des besoins (chauffage, rafraîchissement, éclairage)
- Optimisation itérative Bbio/Cep selon les résultats intermédiaires fournis par le logiciel
- Génération automatique du rapport réglementaire pour intégration au dossier permis de construire
Il est rare que le premier jet soit conforme : l’itération est essentielle pour ajuster orientation, qualité d’isolation et efficacité des équipements.
Tests et certifications obligatoires (Test d’étanchéité, ACV)
Le test d’étanchéité à l’air constitue un passage obligé avant toute livraison : réalisé par un opérateur certifié Qualibat, il consiste à mettre le bâtiment en pression/dépression afin de mesurer précisément les infiltrations. La valeur cible maximale est stricte : 0,6 m³/h/m² sous 4 Pa pour le résidentiel individuel (plus de détails).
Pour l’ACV réglementaire, une analyse complète du cycle de vie (matériaux/équipements) est produite puis vérifiée lors du dépôt administratif. La certification énergétique finale n’est délivrée qu’après contrôle croisé entre ces deux volets.
Anecdote probante : en région Grand Est, près de 18% des projets échouaient encore le test d’étanchéité en 2023 faute de coordination chantier suffisante — ce qui bloque toute réception officielle !
Rôle des professionnels : architectes, bureaux d’études, thermiciens
L’architecte n’est plus « seulement concepteur esthétique » : il pilote désormais la stratégie bioclimatique globale et valide les choix structurels impactant Bbio/Cep. Le bureau d’études thermique intervient très tôt pour simuler puis valider les performances énergétiques et environnementales; il s’engage sur les résultats remis au maître d’ouvrage. Le thermicien ajuste les systèmes techniques (chauffage ENR, VMC double flux…) pour garantir l’équilibre entre confort et régularité des seuils réglementaires.
Tous doivent collaborer étroitement dès l’avant-projet : l’absence d’échanges continus mène quasi-systématiquement à un échec lors des tests finaux ou à une non-conformité administrative coûteuse.
Perspectives et innovations à venir dans le secteur du bâtiment
La prochaine décennie du bâtiment ne se contentera pas de répéter les recettes d’hier : elle sera synonyme de ruptures techniques, d’ambitions environnementales intraitables, et d’expérimentations parfois dérangeantes pour les habitudes du secteur. Voici un aperçu critique — et sans compromis — des axes majeurs qui s’imposent déjà.
Matériaux biosourcés et circularité
La montée en puissance des matériaux biosourcés n’est plus une tendance marginale. Les dernières innovations privilégient non seulement le bois massif ou lamellé-croisé, mais aussi le chanvre, la paille structurée haute densité et même des composites à base de mycélium, tous capables d’intégrer la logique de circularité (réemploi, démontabilité, recyclage sans perte de performance). Les principes de l’économie circulaire imposent désormais l’analyse systémique du cycle de vie : extraction responsable, usage prolongé, modularité, puis revalorisation entière en fin de vie (référence synthétique).
La circularité exige un changement radical : chaque matériau doit pouvoir prouver sa compatibilité avec la déconstruction sélective – ambition rarement atteinte aujourd’hui dans la pratique réelle.
Intégration des énergies renouvelables embarquées
L’intégration massive des systèmes solaires photovoltaïques, souvent couplés à des batteries stationnaires ou à l’autoconsommation collective intelligente, devient un standard sur les projets avancés. L’émergence de micro-stockages thermiques (via phase change materials) et l’emploi croissant de géothermie superficielle (sondes horizontales/verticales) permettent désormais une décarbonation profonde et fiable hors réseau (source sectorielle). Ces solutions réduisent à la fois la dépendance énergétique externe et le facteur carbone d’exploitation. Anecdote : sur certains campus pilotes équipés depuis 2022 en solaire + stockage hybride thermique/électrique, on observe déjà jusqu’à 74% d’autonomie annuelle !
Smart building et gestion dynamique de l’énergie
Le "smart building" n’est plus qu’une promesse marketing : il se matérialise déjà grâce à l’IoT, aux capteurs temps réel multi-paramètres et aux plateformes centralisées pilotant chauffage, éclairage, ventilation ou charge VE selon les besoins instantanés. La gestion technique du bâtiment (GTB) évolue vers une régulation complètement dynamique : anticipation météo, adaptation aux usages réels minute par minute, maintenance prédictive par IA (voir analyse). Cette sophistication permet des gains énergétiques supérieurs à 25% par rapport aux pilotages statiques classiques. L’absence d’adaptation rapide à ces technologies expose les bâtiments existants à une obsolescence accélérée…

Conclusion : réussir la transition vers un bâti sobre et durable
Persister à sous-estimer la maîtrise thermique équivaut à saboter l’avenir du secteur. Seule une compréhension pointue des exigences RE2020 et RT2024, vues non comme des freins mais comme des catalyseurs d’innovation écologique, peut garantir la compétitivité et la résilience du bâtiment français. Oublier que chaque norme représente une opportunité de progrès, c’est condamner le bâti à l’obsolescence technique et économique – ce constat n’a rien de théorique.
Les pionniers qui investissent dans l’accompagnement technique, les outils de simulation avancée et l’élévation continue des compétences sortiront incontestablement gagnants lors du prochain audit réglementaire… et dans la bataille plus large pour le climat.